Hervé BRAILLY

En 1985, jeune ingénieur fraichement diplômé, j’ai eu la chance – et c’était bien un hasard heureux – de vivre à Marseille à la fois les débuts de l’immunologie moléculaire au CIML et les premiers pas de la biotech française chez Immunotech. C’est peu dire que ce milieu était excitant et fertile. À cette époque, sous l’impulsion de Michel Delaage et d’Antoine Beret, un petit groupe de chercheurs et d’ingénieurs inventait rien moins qu’une nouvelle industrie de l’innovation médicale fondée sur la biologie et le lien direct avec la recherche académique.

La technologie des anticorps monoclonaux avait à peine dix ans mais on lui prédisait déjà un grand avenir. Il faudra néanmoins attendre un peu plus de 10 ans pour qu’elle tienne toutes ses promesses. A la fin des années 90, cette technologie et les concepts issus de l’immunologie moléculaire sont alors suffisamment murs pour qu’un nouveau groupe d’immunologistes issus du CIML et d’Immunotech crée Innate Pharma. L’objectif était cette fois de revisiter une approche vieille de près d’un siècle : l’immunothérapie des cancers. Baptisée immuno-oncologie, cette approche est aujourd’hui en train de révolutionner le traitement des cancers et en retour le marché de l’oncologie.

Marseille est au cœur de cette nouvelle aventure scientifique, médicale et industrielle. Elle dispose d’expertises et de savoir-faire qui la positionne aujourd’hui en leader de la R&D de thérapies immunologiques, aussi bien dans les cancers que dans les maladies inflammatoires. Elle aussi à la pointe d’une approche diagnostique inédite qui devrait permettre de personnaliser ces nouveaux traitements. Pour répondre aux attentes des patients et gagner la compétition internationale, les acteurs de l’immunologie marseillaise travaillent ensemble à des projets complexes et pluridisciplinaires qui exigent, comme il y a 30 ans, de repenser notre façon de conduire l’innovation. L’idée force de Marseille-Immunopole, c’est cette capacité des chercheurs, des universitaires, des cliniciens et des industriels marseillais à jouer collectif. Ce faisant, nous construisons aussi un projet qui témoigne de l’ambition mondiale d’une métropole qui doit elle aussi se réinventer.