Marseille Immunopole vise le statut de cluster en immuno-oncologie
Date : 14 mars 2022
Category : MI Live,Revue de presse
La recherche en biotechnologie de Marseille-Luminy a vu naître plusieurs pépites à la pointe des thérapies innovantes contre le cancer, de la pionnière Innate Pharma à la dernière née Emergence Therapeutics. Après 40 ans de construction industrialo-universitaire, cet écosystème veut désormais se constituer en cluster officiellement labellisé.
L’année commence sous de bons auspices pour le label de l’immuno-oncologie phocéenne, Marseille Immunopole. Après avoir salué le succès financier de la dernière société née de cet écosystème, Emergence Therapeutics, qui a bouclé il y a quelques semaines sa première levée de fonds à 87 millions d’euros pour développer un nouveau traitement anticancer, cette association informelle d’entreprises biopharmaceutiques du territoire s’organise déjà afin de répondre au prochain appel d’offres du gouvernement, qui devrait être lancé avant cet été, en vue de la création d’un cluster industrialo-universitaire.
Son animateur, Hervé Brailly, a le sourire. « La filière est engagée dans ce projet comme un seul homme », réalise le fondateur de la société Innate Pharma, cotée sur Euronext Paris et au Nasdaq, l’une des pionnières du secteur des biotechnologies en France, créée en 1999, qui a noué depuis 2016 un accord de collaboration et de licence majeur avec le champion pharmaceutique français, Sanofi, dans ce domaine de l’immunothérapie.
« Une usine à essaimer »
Que ce pôle concourt au statut officiel de cluster ne doit rien au hasard. Avec plus de 2.000 chercheurs, cliniciens, ingénieurs et industriels inscrits dans un écosystème universitaire structuré à la façon des campus américains, Marseille Immunopole s’est imposé en 40 ans comme l’un des principaux lieux de recherche et de développement tricolores en immunothérapie des cancers. « C’est une usine à essaimer », décrit l’un de ses principaux instigateurs, le professeur Eric Vivier, qui a créé le Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, à l’origine de ce succès.
Dans son sillage, plusieurs pépites y ont fait leur berceau : Immunotech, désormais filiale du groupe américain Beckman Coulter qui produit des réactifs pour l’analyse cellulaire, HalioDX racheté l’été dernier par l’américain Veracyte pour 260 millions d’euros et ImCheck Therapeutics qui a déjà levé un total de 54 millions d’euros . Globalement, une trentaine de sociétés de la région Sud se réclament du champ de l’immunologie.
Success story
Si Emergence Therapeutics a déplacé son siège à Duisburg, en Allemagne, depuis que l’entreprise s’est approchée de Heidelberg Pharma, son équipe de R & D reste historiquement basée dans la cité phocéenne. C’est d’ailleurs le fonds français Kurma Partners , devenu un acteur clé du financement du secteur de la santé en Europe, qui est à l’origine de cette société créée en 2019, dont il avait assuré le financement d’amorçage de 6 millions d’euros, aux côtés notamment de Bpifrance à travers le fonds InnoBio 2.
Mais, pour boucler son tour de table de série A de grande envergure en décembre dernier, l’équipe d’Emergence Therapeutics a favorisé des investisseurs anglo-saxons menés par Pontifax Venture Capital, « pour anticiper une sortie sur le Nasdaq », selon Thierry Laugel, l’un des associés de Kurma Partners. « L’opération a été considérablement sursouscrite et va nous permettre de développer notre stratégie pour devenir un leader dans le domaine des ADC », explique Jack Elands, président d’Emergence Therapeutics. Les ADC (Antibody Drugs Conjugates ou conjugués anticorps-médicaments) sont une classe de traitements biopharmaceutiques qui promet une révolution dans la prise en charge des cancers en ciblant exclusivement les cellules tumorales, sans toucher aux cellules saines, contrairement à la chimiothérapie.
Le premier anticorps de la biotech, ETx-22, cible la Nectine-4, une molécule toxique découverte à l’Institut Paoli-Calmette, un centre majeur de lutte contre le cancer à Marseille. Elle est massivement et, uniquement, exprimée par les cellules tumorales. Avec ces fonds conséquents, Emergence Therapeutics va faire entrer son produit en phase clinique en 2023 et vise les cancers de la vessie et du sein triple négatif puis, à terme, ceux de l’ovaire, de la tête, du cou et du poumon.
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